Actualité de la recherche en genre et sexualité | Invitation de Stéphanie Soubrier – 21/03/2022
Stéphanie Soubrier est invitée dans le cadre du séminaire Actualité de la recherche en genre et en sexualité de l’EUR GSST pour la séance du 21 mars 2022 de 12h30 à 14h30.
Stéphanie Soubrier est historienne, chercheuse post-doctorante à l’Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe (EHNE, Sorbonne Université) et chercheuse associée au Centre d’histoire du XIXe siècle (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Elle est spécialiste de l’histoire de la pensée raciale en contexte colonial, et de l’histoire sociale et culturelle de l’empire colonial français. Après avoir travaillé sur les « races guerrières », ses recherches portent désormais sur les domesticités masculines dans l’empire colonial français.
Elle viendra présenter sa thèse de doctorat « Races guerrières » : armée, science et politique dans l’empire colonial français (années 1850-1918), et sera discutée par les masterant·es de la mention Études sur le genre.
Ce séminaire a lieu tous les premiers et troisièmes lundis du mois, de 12h30 à 14h30 en salle 50 du bâtiment EHESS-Condorcet, 2 cours des humanités à Aubervilliers (les places en salle sont d’ores et déjà complètes), et en hybride.
Pour vous inscrire et consulter le programme complet des séances du séminaire, rendez-vous sur Neobab. Les inscriptions doivent être faites 72h avant une séance pour recevoir le lien de connexion.
Résumé de la thèse
Théorisée en 1910 par le lieutenant-colonel Charles Mangin dans le cadre du projet de recrutement d’une « force noire » en Afrique occidentale, la catégorie de « race guerrière » est utilisée en France, entre les années 1850 et la fin de la Première Guerre mondiale. Elle désigne certaines populations de l’empire colonial français (principalement en Afrique de l’Ouest) qui possèderaient des aptitudes particulières à la guerre et au métier militaire.
La thèse retrace l’émergence, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, de cette catégorie originale de l’ethnographie militaire. Elle interroge ses éventuelles applications, ses circulations à une échelle impériale et transimpériale, ainsi que le rôle joué par les populations désignées comme « races guerrières » dans la construction de la catégorie.
Les archives militaires, celles de Mangin, les écrits des officiers et des soldats français servant dans l’empire, et un corpus de sources savantes et de sources iconographiques permettent d’étudier les différentes composantes de la catégorie de « race guerrière » et la manière dont elle se construit en lien et en opposition avec la catégorie des « races non guerrières ».
Présentée par les officiers coloniaux et l’institution militaire comme un outil du recrutement, la catégorie de « race guerrière », éminemment labile, n’a en réalité jamais constitué un guide précis de sélection des recrues. Elle donne en revanche naissance à la figure ambiguë du « tirailleur sénégalais », à la fois menaçant et rassurant.
Enfin, l’expérience de la Grande Guerre, première mise à l’épreuve des « races guerrières » sur le sol européen, permet de mesurer l’influence des théories de Mangin sur le haut-commandement et invite à relire le bilan du conflit, et les enjeux de la catégorie, sous un nouveau jour.